Un peu d’histoire
Le mot hypnose est très récent, il a été inventé en 1841 par un chirurgien écossais nommé James Braid. Toutefois l’hypnose existe, sous des formes parfois proches de celle pratiquée aujourd’hui, dans de nombreuses traditions et cultures très anciennes. Elle était associée à des rituels et des pratiques de méditation et plus généralement à l’exploration de soi.
Ce n’est pas le lieu de faire l’historique de l’hypnose, néanmoins, il me semble important de porter à l’esprit la fascination qu’elle suscite.
Il y a déjà plus de 6 000 ans, en Mésopotamie, les sumériens pratiquaient déjà l’accompagnement en paroles. Un manuscrit décrit des guérisons obtenues grâce aux Etats Modifiés de Conscience. On retrouvera ces concepts au 19ème siècle avec Charcot (1825-1893) !
A travers les siècles, on va parler « d’accoucheur d’âmes » ou « de guérisseur avec les mots », de druides, de prêtres murmurant de douces paroles salutaires, de sorciers, de chamans…). Les soins et rituels utilisés ressemblent à certains éléments de notre hypnose thérapeutique moderne….
La question de la conscience s’est posée très tôt dans notre histoire, et l’exploration des états modifiés de la conscience a naturellement été une voie d’exploration privilégiée pour tenter de trouver des réponses.
Dans sa forme plus moderne, l’histoire de l’hypnose est plus connue avec le docteur Franz Anton Mesmer, à Paris en 1778.Il établit la théorie du magnétisme animal et prétend que l’homme peut soigner grâce au fluide naturel présent dans la nature.
En 1829, Jules Cloquet réussit la première ablation d’un sein pour un cancer « sous hypnose » enfin le mot n’existe pas… ! (il s’agissait d’une technique à base de magnétisme animal). A la même période : introduction de l’utilisation de la « chirurgie mesmérienne » en hôpital pour les anesthésies. Le chirurgien James Esdaile pratiquera de nombreuses interventions sans douleur grâce à l’anesthésie hypnotique. Connu aujourd’hui sous le terme « d’état Esdaile ». L’arrivée du chloroforme, plus mesurable et pratique, remplacera cette technique !
James Braid (1796-1860) rejette la théorie du fluide et pense que la capacité de l’opérateur n’est pas un don mais un apprentissage. Il décrit comme un « sommeil provoqué », un état spécial du système nerveux induit par des techniques dont la principale est la fixité du regard. On peut envisager d’un point de vue scientifique cette méthode. Le terme HYPNOSE naît en 1841.
Le débat se décale, dualité de 2 théories : l’état hypnotique est-il un état naturel (thèse école de Nancy) ou un état artificiel (thèse de l’école de la Salpetrière) ?
Le Dc Liébault démontrera que les suggestions positives provoquent des guérisons et sera approuvé par le professeur de faculté de médecine H.Berheim. L’état hypnotique est reconnu état naturel. Berheim étudie la suggestion, invente l’idée de « psychothérapie » (action des suggestions sur le mental). On ne nie plus l’hypnose, on l’étudie mais il manque de la compréhension pour en faire une thérapie.
Ivan Pavlov (1849-1936) va aider à démystifier l’hypnose en portant son travail sur les réflexes conditionnés, l’étude du système nerveux supérieur et la théorie neurophysiologique de l’hypnose.
Milton Erickson (1901-1980) se concentre sur l’approche thérapeutique et développe les suggestions indirectes de la communication à plusieurs niveaux (voir détails ci-dessous).
Aujourd’hui, les états modifiés de conscience sont mesurés et l’existence des états hypnotiques reconnus. Depuis une dizaine d’années, l’hypnose est réintroduite dans les hôpitaux pour l’anesthésie et l’accouchement sans douleur. C’est une technique, et même s’il semble évident qu’elle ne peut être une science entière, son efficacité est établie.
L’hypnose Ericksonienne
L’hypnose Ericksonienne est issue de la pratique de Milton Erickson (1901-1980).

Né dans le Nevada, il est atteint par plusieurs handicaps : dyslexique, daltonien, et insensible aux rythmes musicaux , il apprend à dépasser ses difficultés en utilisant ses ressources personnelles. Atteint de la poliomyélite à 17ans, il mobilisera toutes ses ressources pour déjouer les diagnostics médicaux de l’époque (découvrant ainsi l’auto suggestion) et arrivera malgré une paralysie quasi-totale, en observant son environnement proche, à stimuler ses muscles et retrouver une vie normale. En 1928, il devient médecin en psychiatrie et contribue à de nombreuses recherches en milieu hospitalier. Il continuera à exercer en cabinet et à affiner sa technique, multipliant séminaires, conférences et consultations.
Considéré par tous les plus éminents spécialistes comme étant le plus grand thérapeute de tout le XXème siècle, Milton Erickson doit cette reconnaissance à sa méthode inédite pour accompagner ses patients en hypnose.
Le génie de Milton Erickson a été de considérer que chaque être humain possède en lui un réservoir immense de ressources . Il donne la priorité à l’adaptabilité et à la dimension créative dans chaque accompagnement. Il oriente sa démarche vers la recherche d’une solution plutôt que vers la compréhension du problème.
Dès lors, l’inconscient va pouvoir travailler afin de se remettre dans le bon axe et évacuer naturellement le cœur du problème.
L’hypnothérapeute, plutôt que de chercher les pourquoi du problème, va s’intéresser au « comment la personne peut aller mieux? », et « de quoi a -t-elle besoin? »
C’est une approche souple, indirecte, une hypnose « permissive » qui permet à la personne d’aller elle-même, à son rythme, accompagné et guidé par son thérapeute.
Cette progressivité de l’induction (ensemble d’actions et techniques intentionnelles dont l’objectif est d’atteindre l’état hypnotique) et des suggestions directes et indirectes permet de contourner les résistances naturelles.
L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne » – Erickson
L’état hypnotique
Du coté des neurosciences, l’état d’hypnose est généralement défini comme un état modifié de conscience. Contrairement à des idées reçues, cet état modifié est différent de l’éveil habituel et distinct du sommeil. (L’électro-encéphalographie le démontre clairement). Il ne s’agit pas non plus d’une perte de conscience.
On sait aujourd’hui que nous utilisons en moyenne 10% des capacités de notre cerveau. Les recherches des neuroscientifiques sur le fonctionnement du cerveau, même si loin d’avoir toutes les réponses, précisent clairement que l’inconscient (la face cachée de l’iceberg) est une force, présente en chacun de nous, et qu’il est possible de l’utiliser.
Dans cet état de veille, la place de la conscience est « rétrécie » (par focalisation de l’attention) pour laisser plus de place à l’inconscient pour agir efficacement. Observée grâce à l’imagerie cérébrale, la désactivation des zones du cerveau impliquées dans les processus conscients, suggère que la personne sous hypnose vit un état de conscience modifiée.
Le praticien
en hypnose applique des techniques de suggestions indirectes, de dissociations,
de visualisations et de métaphores pour guider son sujet afin qu’il trouve
lui-même toutes les solutions.
Il va stimuler particulièrement trois zones du cerveau:
- l’amygdale cérébrale (où se situent les émotions),
- l’hippocampe (zone des apprentissages),
- l’insula (qui gère les fonctions limbiques ainsi que la dépendance, la conscience de soi ou les expériences interpersonnelles).
Du côté du vécu, l’hypnose est un procédé qui va vous permettre de communiquer directement avec votre inconscient en vous entraînant par diverses méthodes d’induction (méthodes pour atteindre l’état hypnotique), dans un état de conscience modifié appelé « état hypnotique » que l’on peut comparer à « l’état de transe ».
L’hypnose thérapeutique consiste à accéder à cet état modifié de conscience pour revisiter la réalité et la façon dont vous la percevez, ce qui permet de trouver de nouvelles ressources.
C’est un état tout à fait naturel puisqu’il se produit plusieurs fois par jour et de façon spontanée. Il s’agit d’un état agréable où, tout en restant conscient, vous êtes absorbé dans quelque chose.
Chacun de nous l’expérimente chaque jour sans le savoir, ne serait-ce que chaque soir en s’endormant (phase « hypnagogique), au quotidien et très souvent dans nos activités routinières. Il est différent pour chacun de nous et ce qui fait sa caractéristique principale, c’est cette façon qu’a la conscience de s’écarter pour laisser plus de place, de disponibilité, de champ du possible à l’inconscient.
Vous l’avez déjà expérimenté sans le savoir. Vous étiez alors tout simplement dans un état hypnotique léger, par exemple :
- Quand vous arrivez à votre destination en ayant conduit mais sans vous rappeler des détails du parcours, comme si votre cerveau se mettait en mode automatique pour suivre la route, effectuer les différentes actions de la conduite, tout en ayant l’esprit transporté dans vos pensées.
- Quand vous lisez un livre, vous êtes absorbé par la lecture, et alors que vous continuez à être présent consciemment, à tourner les pages sans y penser, à entendre ce qui vous entoure, à être alerte, il vous arrive d’être transporté au milieu d’émotions, d’images, de sons, d’odeurs ou même parfois de goûts, fabriqués par votre inconscient à la lecture des mots. Comme si c’était vous qui viviez l’aventure.
- Quand vous regardez un bon film où vous vivez au rythme des images, de la musique et des émotions du film, à tel point qu’il vous arrive de rire, de pleurer, d’avoir peur même en connaissant déjà l’intrigue.
- Quand vous perdez le fil d’une conversation en commençant à « rêver » à autre chose…
- Quand vous effectuez une performance physique qui vous pousse à aller plus loin sans comprendre pourquoi à ce moment vos capacités sont inépuisables…
- Quand un artiste, seul devant sa création, arrive à trouver l’inspiration sans fin et à se détacher du temps qui passe….
Et lorsque vous revenez au monde conscient qui vous entoure, vous êtes encore parfois comme décalé, comme en train de continuer à vivre et ressentir « ce voyage ». Et puis, au bout de quelques minutes, vous reprenez contact avec le présent…
C’est une dissociation entre le conscient et l’inconscient.
Lors de cet état, le fonctionnement inconscient est davantage présent que le fonctionnement conscient, mettant en arrière-plan la pensée rationnelle et critique, et, en avant, la pensée intuitive et nos différents sens.
L‘hypnothérapeute, en séance, vous accompagne pour obtenir un état proche de celui évoqué lors de ces moments de « rêverie » Il va induire un état de conscience hypnotique qui rend indifférent au monde extérieur puis il l’amplifie de plus en plus pour le mettre au service de votre objectif de changement.
Cette autre volonté
que la volonté consciente pourra alors s’exprimer en animant certaines fibres
musculaires jusqu’à faire monter un bras, pencher une tête, bouger un doigt,
etc. Ce sont des phénomènes hypnotiques.
C’est dans ce moment d’exception avec l’aide de l’inconscient que des habitudes
sont transformées, des nouveaux points de vue acquis, des fonctionnements remis
en question et que le changement peut commencer.
Cet état va permettre de changer ses habitudes, de dépasser des blocages, de contourner certaines croyances, et ainsi avec ces nouvelles ressources, d’adopter de nouveaux comportements plus positifs et adaptés à votre vie d’aujourd’hui. C’est pourquoi, votre nécessaire implication permettra de créer un changement adapté à votre personnalité et durable dans le temps.
L’inconscient
« L’inconscient représente tout ce dont vous n’êtes pas conscients en ce moment » citation de Milton Erickson.« Parce que, inconsciemment, vous en savez autant et même bien plus que ce que vous savez consciemment !».
C’est pourquoi en état d’hypnose, vous utilisez très peu votre esprit conscient, et à contrario, vous commencez à capter davantage votre esprit inconscient. Vous apprenez à travailler avec lui. C’est votre allié ! 90% de nos actes sont inconscients.
L’inconscient détient la mémoire de notre « histoire de vie », de toutes nos expériences personnelles et de nos blessures intérieures. C’est lui qui déclenche certaines pensées et émotions.
Il agit sur notre CORPS : sur les fonctions biologiques en gérant notre système immunitaire, notre système digestif, notre rythme cardiaque, la cicatrisation …et ceci sans que nous n’en ayons conscience. Aujourd’hui, en milieu hospitalier, il permet, grâce à l’hypnose, la prise en charge physique en complément de la médicalisation.(exemple des anesthésies en chirurgie)
Il agit sur L’APPRENTISSAGE ET LA MÉMOIRE : c’est lui qui se charge de l’automatisation de l’apprentissage de gestes (la marche, la conduite…), de traiter les informations afin de les réutiliser quand nous en avons besoin.
L’inconscient gère la mémoire et les « déclencheurs sensoriels » : un souvenir peut revenir par un déclencheur (cf : la madeleine de Proust ; une musique qui rappelle un lieu, le parfum d’une personne). C’est ainsi qu’en séance d’hypnose, en travaillant sur ces processus d’apprentissage de l’inconscient, les possibilités sont grandes. Nous allons pouvoir changer la perception de son passé, améliorer nos capacités d’apprentissage, se servir différemment des expériences existantes, intégrer de nouvelles ressources.
Il est PROTECTEUR : l’inconscient fait tout pour préserver le corps et le mental et, cela va même au-delà. Il nous fait réagir à un danger bien avant d’en avoir conscience ! Il est rapide. Il va tenter avec ses moyens, de donner des alertes au conscient (symptômes, troubles, peurs, voir même amnésie lors d’émotions trop fortes).
Ainsi sous hypnose rien ne peut être fait sans que vous en ayez vraiment envie. Votre inconscient vous protège. Lors de ces séances, il va pouvoir agir, modifier certaines croyances ou certains comportements qui ne sont plus adaptés à notre quotidien pour les faire vivre au présent par le conscient. Son intention sera toujours positive !